Livre de bord

L’expédition a fait escale à Cairns début mai 2017 après une première semaine de mission en partenariat avec l’Université du Queensland. Juste le temps d’une aussi brève que vaine recherche d’hypothétiques sauriens, avant de reprendre le large pour la suite du projet de cartographie de la Grande Barrière de corail.

Date: jeudi 11 mai 2017

Position: Cooktown

Equipage: Pietro, Camille, Candy, Leandro, Jerome, Peran, Kathyrn, Linzi

Navigation: Cairns - Cooktown du 3 au 10 mai 30 avril - 3 mai 2017

Cairns est le lieu idéal d’où partir explorer la Grande Barrière de corail, si l’on en juge par le très grand nombre de touristes qu’on y croise. Ou du moins ce qu’il en reste dans cette partie nord, la plus affectée - et même la plus morte! - par le réchauffement climatique. Elle est aussi le genre de ville à vous faire passer le goût de l’Australie. De la baignade, en tout cas… La faute non plus aux touristes mais aux tout aussi nombreux panneaux indiquant… la présence de crocodiles dans les eaux de la région. Il est tout simplement interdit de se baigner ici, qu’on se le dise. Et la perspective de se retrouver nez à nez avec un saurien de plusieurs mètres suffit à rendre la mise en garde effective. A bord, une petite équipe se met néanmoins en mode croco et embarque sur le zodiac pour explorer la mangrove alentour et tenter d’apercevoir, de préférence de pas trop près, un spécimen. Elle rentrera bredouille. Mais vivante!

3 mai 2017, départ. Nouvel équipage, une équipe télé de ABC News est sur le quai pour saisir ce moment et voilà qu'on quitte la marina Marlin en début de matinée pour notre deuxième étape de « reef habitat mapping » avec l'équipe du Remote Sensing Research Center (RSRC) de l’Université du Queensland (UQ) à Brisbane. La mer est belle et nous arrivons rapidement sur notre premier site, Oyster reef. Question de procédure, le zodiac doit accompagner les deux scientifiques durant toute la durée des transects sur le reef, obligeant Camille et Jérôme à se relayer - de bonne grâce - dans ce rôle de supervision sécurité. Durant trois heures, Kathryn et Peran, nos deux scientifiques en tenue de snorkeling, prennent des centaines de photos géo-référencées et procèdent en parallèle à des observations de l’état de santé des récifs coralliens pour le programme CoralWatch. Les transects terminés et l'équipe de retour à bord, nous partons pour le reef suivant où nous passons deux nuits.

Les reefs et les transects s'enchaînent ainsi durant six jours: Oyster, Hastings, Chinaman, Undine, Pickersgill et Endeavour. La météo est plutôt bonne, nous naviguons à la voile à chaque déplacement, ce qui émerveille nos chercheurs. Et nous profitons à fond de ces magnifiques navigations, qui contrastent tellement avec les premières semaines franchement musclées qui ont accompagné notre départ de Brisbane fin mars. Nous allons tout de même avoir droit à une journée de forts grains, dont un avec des pointes à 33 noeuds alors que notre pauvre Camille sur son zodiacal veille scrupuleusement au grain (si l’on ose dire) pendant que nos snorkeleurs sont sous l’eau à mener leurs transects.

Le 8 mai au matin, nous effectuons notre dernier arrêt sur le récif Endeavour avant d'aller mouiller devant Hope Island. Enfin la terre, après des jours à se faire calotter de mouillages en mouillages pas forcément très bien protégés! Certains d’entre nous en profitent pour quitter le bord et s’en vont se dégourdir les jambes sur l’île, car contre toute apparence on ne marche pas beaucoup en mer. D'autres se baignent depuis le bateau et nous nous délectons de ce mouillage très protégé où Fleur de Passion ne bouge plus, enfin.

Le 10 mai tôt le matin, nous nous rendons à Cooktown, notre prochaine escale. Jolie petite ville très "remote" (loin de tout, provinciale), comme ils disent par ici. Et c’est vrai qu’il n’est pas toujours évident de comprendre l’accent à couper au couteau des autochtones. L'équipage profite de ce retour à terre pour partager un dernier repas tous ensemble avant le départ des scientifiques et de notre passagère Linzi le lendemain, et l'arrivée de la dernière équipe de UQ pour la suite et dernière étape du projet de Reef Habitat Mapping.

Entre Townsville et Cairns, les observations des récifs coralliens menés par la première équipe de l’Université du Queensland ont été sans appel: des massifs entiers ont blanchi sous l’effet du réchauffement climatique, prélude à une mort très probable tant que la température de l’eau ne refroidit pas.

Date: lundi 01.05.2017 

Position: Cairns Marina

Equipage: Pietro, Camille, Candy, Leandro, Solti, Chris, Peran, Malcolm, Gabriel 

Navigation: Townsville-Cairns

25/04 Départ de Townsville

Nous voici à nouveau en mer après trois jours d’escale à Townsville. Une journée de repos, une autre consacrée à des visites à bord et une dernière pour l’avitaillement sont passées bien vite. La nouvelle équipe est arrivée lundi 24 avril et nous sommes neuf à bord dont un passager local, Malcolm, qui a décidé de nous joindre pour la semaine à venir après avoir visité le bateau dimanche.

Avec Chris, responsable du Remote Sensing Research Center de l'Université du Queensland à Brisbane et avec qui va débuter une nouvelle mission de cartographie de la Grande Barrière de corail, nous avons planifié la route. Le tracé va nous mener directement aux premiers récifs à « mapper » parmi la trentaine sélectionnés dans le cadre du projet. La météo annoncée est parfaite et clémente, enfin!

Une nuit en mer toute douce et Ellison Reef se profile au petit matin. L'équipe de UQ - Chris et son binôme Peran pendant cette première semaine - est larguée sur site à 7h30 du matin le 26 avril pour les premiers transects photos qu’elle doit mener. 

26/04 Météo. vent d'E/SE 0 à 10nds mer belle

Il fait beau, chaud et le vent est faible. Conditions idéales de nouveau pour nos deux scientifiques. Nous enchaînons donc deux reefs d'affilées et profitons même de la fin d'après-midi pour aller mouiller au troisième, Potter reef. Plongée pour Candy et Solti, snorkel pour les autres, nous sommes tous "à fond » pour profiter de ces très bonnes conditions et permettre à Chris et Peran d’optimiser leur présence à bord.

27/04 - météo idem 26

Toujours aussi peu de vent, Gabriel notre média-man profite pour faire enfin voler notre drône. Les images sont magnifiques. Même programme que le jour précédent, tout se passe au mieux pour UQ et ses transects. En fin de journée, nous levons l'ancre pour nos nouveaux reefs plus au Nord, le vent devrait se lever dans la nuit. Nous partons donc en douceur pour sortir du reef avant l’obscurité puis nous nous laissons aller à la dérive durant quelques heures sur une mer plate!

28/04  Météo: dès 3h du matin Vent du S/SE 20 à 25 nds creux de 1,5-2m 

Comme prévu, le vent se lève dans la nuit, nous sommes juste avec le yankee, la trinquette et 2 ris dans l'artimon, nous filons nos 7 nds habituels. Quelques cargos nous imposent cependant une veille attentive car nous devons traverser la « Traffic Line" empruntées par d’énormes porte-containers et autres tankers. La nuit est belle avec une voie lactée magnifique une fois de plus. Au petit matin, nous virons lof pour lof et rejoignons Sudbury reef pour notre 4ème reef ou nous mouillons à 9h30. Les conditions sont plus musclées: 20-25 nds de vent. Dans le zodiac qui doit déposer les plongeurs sur le reef, c'est chaud.

Cette fois encore nous constatons avec consternation les dégâts du réchauffement climatique sur les coraux. Beaucoup sont blancs d’avoir expulsé les algues microscopiques avec lesquelles ils vivent en symbioses, sous l’effet du stress lié à une température de l’eau trop élevée. Et d'autres sont déjà morts, recouverts d’algues qui ne laissent planer aucun doute sur leur état. De retour à bord, Chris et Peran ont beaucoup de mal à contenir la profonde tristesse que leur inspire ce qu’ils viennent d’observer sous l’eau: le très mauvais état de santé de ces reef, suspecté par images satellites, se confirme. La Grande Barrière de corail est en train de mourrir!!! Des dizaines, voire des centaines d'années de construction lente de ces écosystèmes complexes et vitaux pour une énorme quantité d’organismes marins sont en train de disparaitre sous nos yeux.

29/04  Météo: vent du S/SE 15 à 20 noeuds creux de 1m

Départ au petit matin pour une belle navigation qui nous amène à Thedford reef. Les derniers transects de la première équipe de UQ sont effectués, le corail se porte un "petit peu mieux », dixit Chris, qui veut croire que tout n’est pas perdu. Mais pour combien de temps? Nous profitons de la belle fin d'après midi pour naviguer en direction de Cairns, le zodiac est à l'eau et nous pouvons enfin prendre de belles photos de Fleur de Passion sous voiles. 

30/04 Cairns

Nous arrivons à Cairns le matin du 30 avril, Fleur de Passion est à nouveau à quai après une semaine de mouillages en pleine mer uniquement protégé par les reefs! Une semaine assez exceptionnelle pour tous.

Nous avons trois jours devant nous avant le départ pour Cooktown, tout fonctionne bien à bord, passons du temps principalement à l'avitaillement pour le mois à venir. Au Nord, c'est "sauvage et remote », selon les dires des Aussies!!! On verra bien, nous sommes prêts pour ces trois semaines à venir sur la partie nord de la Grande Barrière, la plus touchée par le blanchiment, parait-il.

Solti, Chris, Gabriel et Malcolm nous quittent, Jérôme, Linzi et Kathrin nous rejoignent pour la nouvelle navigation. Une requête à Eole, pour finir: pas plus de 25 noeuds de vent s’il vous plait car sinon, les mouillages en pleine mer deviennent un peu « tendus »…

A bientôt pour des news depuis Cooktown autour du 11,12 mai

Entre Mackay et Townsville, à terre comme sous l’eau, l’expédition a pu observer le spectacle de désolation provoqué par le cyclone Debbie, qui a touché la côte du Queensland fin mars. 

Date: lundi 24.04.2017 

Position: Townsville Marina

Equipage: Pietro, Yffig, Candy, Solti, 

Navigation: Mackay-Townsville

15/04 Départ de Mackay

Nous ne sommes plus que 4 à bord, les équipiers précédents ont tous quitté le bord pour retourner à leur vie habituelle respective, qui en Australie, qui en Suisse. Le soir de notre arrivée à Mackay, un dernier tour de table permet à chacun de partager les moments forts et marquants qu’il a vécu depuis le départ de Brisbane dix jours plus tôt.

Pierre notre dessinateur nous largue les aussières, Fleur de Passion reprend la mer pour poursuivre sa route vers le Nord, direction Townsville. La météo n'est pas au beau fixe. Des vents soutenus sont toujours annoncés. Nous préparons donc Fleur avec deux ris dans la grand voile et deux ris dans l’artimon. Désormais quatre à bord, nous n'allons à priori pas hisser la grand voile complètement. La journée se déroule en douceur le vent est faible et nous profitons d'une mer relativement  calme pour effectuer un nouvel échantillon d’eaux de surface dans le cadre du programme sur la pollution micro-plastique.

Nous mouillons dans une île magnifique, Thomas Island par 20°40' Sud et 149° Est. Notre tentative pour procéder à des observations de l’état de santé des coraux dans le cadre du projet CoralWatch tournera court, en revanche, car l'eau est encore extrêmement trouble. 

16/04 

Nous poursuivons notre route vers le Nord en passant par Whitehaven beach, paradis touristique de la région représenté dans tous les magazines... En arrivant, nous sommes plongés dans un monde totalement irréel qui n’a plus rien de touristique!

Le centre du cyclone Debbie est passé par là il y a deux semaines et ses stigmates s’offrent à notre regard sidéré: les arbres sont comme brûlés, plus une seule feuille n'est visible sur leurs branches à nue. Le vent et le sel semblent avoir brisé net la vie. On se croirait dans un champ de bataille… Nous profitons d'un mouillage forain pour descendre à terre et prendre quelques photos de ce paysage de désolation avant de nous réfugier derrière les monts de l'île de Hook un peu plus au Nord.

16/04-18/04 - Stonehaven anchorage

Les vents sont soutenus au large et la mer toujours aussi chargée. Nous décidons de rester abrités deux jours. La fatigue des trois semaines précédentes commence à se faire aussi sentir.

18/04-19/04 Météo: Vent du SE 20 à 25 nds creux de 1,5m 

Pour cause d’équipage réduit, nous repartons avec deux voiles d’avant, le yankee, la trinquette, et deux ris dans l’artimon. Une fois la passe franchie, nous constatons que notre navigation sera un peu plus sportive qu'annoncé. Rafales à 25 Nds, nous devons lofer afin de ne pas rater Line reef, notre destination pourtant tout proche de Harrys reef.

En début d'après midi, nous mouillons en pleine mer à 300 m du reef et mettons rapidement le zodiac à l’eau pour procéder à des repérages. Les courants sont forts, l'eau est trouble, les coraux sont dévastés suite au cyclone. « Drôle » de sentiment après les merveilles observées à Swains reef la semaine précédente.

Durant la nuit le vent se lève à nouveau, rafales à plus de 30 Nds. Nous décidons de quitter le large pour rejoindre notre prochaine escale.

19/04-20/04

Une belle navigation, magnifique quart de nuit avec Fleur qui file à 7Nds malgré une voilure réduite. Nous arrivons à Magnetic Island au large de Townsville dans l'après midi.

Yffick, Candy et Christian profitent de mettre pied à terre et de s’accorder une petite marche qui fait du bien après trois semaines de mer.

21/04

Le vendredi 21 avril à 3h, le réveil sonne car il nous faut encore parcourir 15 miles pour arriver à marée haute (6h) à Townsville. L'entrée se fait au petit matin comme prévu, Fleur est à nouveau à quai et bientôt prête pour les événements qui y sont prévus avec l’Université James Cook: visite du campus par l’équipage et visites à bord de la part d’étudiants et de chercheurs de l’université.