On le dit dessinateur, de bandes-dessinées en l’occurence, et comment nier cette évidence? Mais dans l’art d’Alex Baladi, il y a aussi cette magistrale capacité, très subtile, à capter les choses entendues, à saisir au vol les mots prononcés sur le pont au détour d’une manoeuvre ou lors d’un quart, à transformer des échanges impromptus, spontanés et parfois insignifiants entre gens du bord en autant de scènettes qui racontent la vie de l’expédition, cette aventure humaine en train de se faire. Mélange d’humour potache, de poésie et d’une profonde et simple humanité.
En voici la démonstration par une nouvelle sélection de ses dessins réalisés fin octobre-début novembre au large de Sorong, en Indonésie.
Et question corollaire, le célèbre navigateur portugais découvreur du non moins célèbre détroit éponyme, aurait-il par hasard perdu la gauche quelque part au large des Philippines? On serait - ironiquement - tenté de se poser la question à la vue des résultats du 128e prélèvement d’eau de surface réalisé le 1er décembre 2017 à proximité de Palau dans le cadre du programme Micromégas sur la pollution plastique mené en partenariat avec l’associaient Oceaneye. Capturée dans le filet qui sert normalement à filtrer des micro-particules, c’est bien une tongue gauche bleue qui a été remontée à bord par l’équipage ahuri. Comme les autres, cet échantillon a été conditionné pour être envoyé à Genève pour analyse. Pas sûr qu’un microscope soit nécessaire, cela dit. En attendant, on ne peut songer à symbole plus trivial de la quantité et de la « qualité » des déchets plastiques qui flottent à la surface des océans et polluent jusqu’aux tréfonds des mers. Dans cette région du monde en particulier.
De son séjour à bord de Fleur de Passion aux Moluques, en novembre 2017, la dessinatrice genevoise Mirjana Farkas a rapporté mille et une couleurs, saveurs, senteurs glanées lors de ses déambulations sur les marchés et dans les campagnes de Tidore et Ternate, deux des fameuses îles aux épices où l’expédition s’est arrêtée dans l’archipel indonésien. En voici une sélection sous forme de portaits de gens rencontrés, hommes, femmes et enfants, plein de tendresse et d’humanité.
Jusqu’au 31 janvier 2018, retrouvez par ailleurs quelques-uns de ses carnets - ainsi que ceux des neuf autres dessinateurs et illustrateurs ayant pris part à l’expédition depuis son départ de Séville en 2015 - dans le cadre de l’exposition « Notre île aux épices » à la Bibliothèque de la Cité à Genève.