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Les quatre participants - cinq garçons et une fille - du programme socio-éducatif Jeunes en mer et leurs deux éducateurs sont rentrés à Genève, lundi 21 août 2017, au terme de deux mois d’embarquement depuis Cairns en Australie jusqu’à Honiara, la capitale des Salomon.

L’arrivée de l’expédition à Honiara s’est faite le 16 août en début d’après-midi. Les jours qui ont suivi ont été consacrés à nettoyer le bateau de fond en comble, à faire son sac et à profiter du marché local pour y faire quelques cadeaux à rapporter aux proches, l’esprit encore à bord et déjà aussi un peu à Genève. Le 19, tout l’équipage a mangé ensemble à terre et un tour de table improvisé à commencer sur le thème de ce que chacun avait éprouvé au cours de ces deux mois, le tout dans un esprit de gratitude pour l’expérience vécue et de reconnaissance réciproque pour l’intensité des liens ainsi noués à jamais.

Le 20 août, l’heure du départ pour de bon a finalement sonné pour Hasna, Jonathan, Killian, Leandro et Léonard, Gérard et Manou ainsi que pour Mirjam, la réalisatrice venue réaliser un documentaire à bord pendant deux mois. Les au-revoir avec l’équipage, plein d’émotion, n’ont eu d’égal que les retrouvailles à Genève avec familles, amis et proches.

Ainsi s’achève un chapitre de l’expédition et une expérience inoubliable pour ces jeunes, qui seront bientôt suivis d’un prochain groupe sur le point de prendre le relai mi-septembre.

Les haltes dans les îles des Salomon courant août 2017 apportent leur lot de surprises et de pittoresque pour les jeunes du bord. Le récit de Gérard, l’éducateur-navigant.

« Au fil des milles en navigation, nos équipiers ont pris un rythme avec les exigences du bateau. Parfois, surgissent encore des tensions qui font toujours partie de notre menu quotidien. Si c’est parfois usant pour les adultes, à coup sûr ça l’est moins pour certains jeunes!

Dans les îles Salomon, l’objectif de nos navigations est de prendre du Sud pour rejoindre la capitale Honiara vers le 17 août. Avec les vents d’Est à Sud-Est réguliers, nous sommes contraints de faire soit du cabotage ou soit des navigations plus engagées. Au fil des mouillages, nous apprécions la vie des indigènes toujours curieux et accueillants. Sur l’une des îles, nous avons organisé une marche de cinq heures à pied sur un ancien chemin repris par la jungle. Le but : trouver un tank américain datant de 1944! Non sans peines arrivés sur place, deux jeunes ont voulu se baigner dans une sorte de piscine naturelle de la rivière. Moment magnifique, puis il a fallu renter sur nos traces vertes.

La consommation d’eau douce à bord reste un grand souci pour notre capitaine. Chacun a encore de la peine à gérer cette contrainte sur le bateau. Aussi quelques jeunes, avec le bosco, sont-ils allés trois fois faire de l’eau à une source avec l’annexe chargée de tous nos bidons. Ici, remonter une rivière naturellement sauvage est magique.

Un guide local, embarqué deux jours à bord du Fleur, nous a permis de faire route par un chenal mal pavé entre les récifs de corail. Le 1er août, nous avons jeté l’ancre dans une baie superbe. A terre autour d’une grillade, nous avons célébré la fête nationale. Puis nous sommes allés visiter Skull Island (littéralement l’île aux crânes), un lieu hautement respecté pour ses rituels avec les têtes de mort des chefs vaincus lors des guerres tribales. »

Depuis ce samedi 2 septembre 2017, The Ocean Mapping Expedition fait escale en plein coeur de Genève à l’occasion d’une exposition qui durera cinq mois: « Notre île aux épices ». Jusqu’au 31 janvier 2018 à la Bibliothèque de la Cité, cette manifestation grand public et en accès libre présentera l’esprit et les différents volets - scientifique, socio-éducatif et culturel - de l’expédition et sera jalonnée de toute une série de tables-rondes et de visites guidées, en particulier à l’attention des scolaires.

A travers panneaux thématiques, maquette du voilier Fleur de Passion, carnets des dessinateurs, échantillons micro-plastique ou encore films documentaires,« Notre île aux épices » s’articule autour de l’interrogation centrale qui anime The Ocean Mapping Expedition: « 500 ans après Magellan, dans un monde aux ressources de plus en plus comptées, quelles richesses non plus matérielles mais aussi et surtout spirituelles nous faut-il redécouvrir pour repenser sur un mode viable et durable notre relation à la planète mer? Pour réinventer des liens apaisés entre nous-autres frères humains? »

L’ouverture de l’exposition coïncide avec le départ, en ce début septembre, du voilier en direction de la Papouasie-Nouvelle Guinée puis de l’Indonésie, et plus particulièrement des Moluques, les fameuses « îles aux épices » au coeur de la quête de Magellan.

Ainsi l’esprit de l’aventure partie de Séville en avril 2015 va-t-il souffler comme jamais sur Genève ces prochains mois! Illustration aussi à travers les affiches de l’exposition qui parsèment la ville.

Adresse de la Bibliothèque de la Cité:

Place des Trois-Perdrix, 5 - Genève

Horaires d’ouverture:

Du mardi au vendredi de 10h à 19h

Samedi de 10h à 17h

Fermé le dimanche et le lundi

Visites de groupes et scolaires sur inscription:

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Tables rondes:

Titre: S’engager pour l’environnement: une dynamique collective ou individuelle?

Date: Mardi 12 septembre à 19h

Thème: Jusqu’à quel point sommes-nous individuellement capables de mener les actions nécessaires à une meilleure prise en compte des enjeux de développement durable? Et à partir de quel moment l’Etat doit faire preuve d’une plus grande volonté politique au risque de paraître adopter une démarche coercitive?

Intervenants:

Daniel Chambaz, directeur de la Direction générale de l’environnement (DGE) de l’Etat de Genève

Tom Tirabosco, artiste illustrateur et dessinateur de bande-dessinée

Samuel Gardaz, vice-président de la fondation Pacifique

Modération: Julien Rapp, journaliste

 

Titre: Pollution plastique des mers, quels enjeux?

Date: Jeudi 19 octobre à 19h: 

Thème: A l’heure où se multiplient les recherches de solution pour enrayer le fléau, que sait-on précisément du phénomène et de sa dynamique? Quand on parle de remonter à la source, quelle est-elle? Quid de notre relation ambigüe avec un matériau issu de ce que l’on nomme le progrès technique? Faut-il envisager de sortir du plastique comme du nucléaire?

Intervenants:

Pascal Hagmann, directeur d’Oceaneye

Joao Sousa, chargé de projets et ambassadeur des océans pour l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

Suzanne Mader, chargée de projets à l’Association de sauvegarde du Léman et membre de l’association NetLéman

Modération: Julien Rapp, journaliste

  

Titre: Expéditions d’hier et d’aujourd’hui: une exploration du monde vertueuse est-elle possible?

Date: Jeudi 16 novembre à 19h:

Thème: La quête de découverte et de savoir semble un irrépressible besoin de l’espèce humaine. Mais jusqu’où cette quête noble et universelle peut aller sans s’accompagner d’intérêts plus sombres, partisans et finalement très intéressés?

Intervenant: Michel Chandeigne, auteur, éditeur et conférencier

Modération: Julien Rapp, journaliste

Dans la réserve marine d’Arnavon islands, début août 2017, l’équipage de Fleur de Passion et les adolescents du programme Jeunes en mer ont eu la chance d’assister à la ponte puis à l’éclosion d’oeufs de tortues. En même temps qu’ils étaient témoins de la manière dont les déchets plastiques, eux, viennent mourir jusque sur les plages les plus éloignées des îles Salomon. Saisissant chassé-croisé entre une nature intemporelle et notre glorieuse modernité…

Depuis notre départ de Cairns, nous avions dans l’idée de nous arrêter sur Arnavon islands. Ces îles constituent aujourd’hui la plus grande et la plus ancienne aire marine protégée des Salomon, et l’un des plus grands lieux de ponte pour les tortues Hawkbill et vertes dans l’archipel. La réserve marine à proprement parler est constituée de quatre îles: Kerehikapo, Sikopo, Petite Maleivona and Grande Maleivona. La pêche n’y est bien sûr pas autorisée. S’arrêter pour y mouiller en bateau, y pratiquer le snorkeling ou la plongée et même y effectuer une visite est régulé par les autorités du parc.

Les tortues y pondent principalement la nuit. Après 50-60 d’incubation, les deux éclosent et les bébé tortues se frayent un chemin jusque vers la mer. Aux Salomon, la pêche des tortues et la collecte d’eux ne sont pas interdites, raison pour laquelle la réserve marine est particulièrement important, de sorte que les zones de pontes soient protégées et que l’espèce survive.

Le 7 août, nous sommes arrivés à Arnavon islands. Nous avons franchi l’étroite passe qui mène au lagon et mouillé à proximité de la plage. L’équipage a débarqué pour s’entretenir avec les employés de la réserve et convenir d’une halte de trois jours, le temps d’y faire quelques activités. Dès le lendemain, cette escale dans l’île a commencé par une visite des employés à bord de Fleur de Passion pour leur présenter l’expédition, les équipements de prélèvements micro-plastiques, les hydrophones du programmes 20’000 sons sous les mers, leur projeter les films des étapes précédentes. Puis, tout le monde s’est rendu à terre pour une balade dans l’île et se familiariser avec l’endroit, avant de partager un déjeuner somptueux préparé par les employés de la réserve à base de thon et de riz au lait de coco. Après le repas, partie de snorkeling dans le lagon! Et un festival de vie marine: requins, tortues, raies et une myriade de poissons multicolores.

A la nuit tombée, nous sommes retournés à terre dans l’espoir d’assister à la ponte de tortues. Et après cinq minutes de marche sur la plage, nous sommes tombés sur une tortue Hawkbill qui entreprenait de gravir la faible pente de la plage. Nous étions tous très excités d’être les témoins d’un tel moment! Après une attente d’une heure, le temps qu’elle creuse son nid, la tortue a ensuite pondu ses oeufs: 174 au total, dûment répertoriés par les employés de la réserve! Lesquels ont ensuite entouré le nid d’une protection contre les redoutables prédateurs qui déciment les nids: oiseaux, crabes, serpents, etc.

Le 9 août au matin, devant un autre nid, nous avons cette fois assisté et participé à l’éclosion d’une portée de bébé tortues. Sur les indictions des employés de la réserve, nous avons aidé à creuser le sable pour aider les nouveaux-nés à gagner la mer, où nous les avons observés y faire leurs premiers mouvements: plus de 100 tortues!

Changement de registre le lendemain: nous avons proposé aux employés de la réserve de mener une opération de nettoyage des déchets plastiques jonchant la plage. Des monceaux de plastiques s’échouent en effet sur les côtes de ces îles exposées à des courants, et la pollution plastique y est un véritable fléau. Munis de sacs poubelle, tout l’équipage de Fleur de Passion, et en particulier les cinq adolescents du programme Jeunes en mer, a ainsi dédié la matinée à ramasser tout ce qu’il était possible de ramasser de débris, capsules, sachets et autres débris de toute taille, de toute couleur et forme. Une démarche totalement vaine d’un certain point de vue, et pourtant tellement nécessaire…

Après un dernier repas pris en commun avec nos amis de la réserve, nous avons repris la mer en direction de Russell islands, des souvenirs plein la tête de cette escale au pays des tortues. Et des déchets plastiques!

Depuis les îles Salomon où l’expédition navigue en ce mois d’août 2017, Gérard, l’éducateur-navigant du bord, revient sur un mois de traversée depuis Cairns et évoque l’extraordinaire expérience vécue par les cinq adolescents venus de Suisse et embarqués sur Fleur de Passion dans le cadre du programme socio-éducatif Jeunes en mer, en partenariat avec l’association genevoise Pacifique.

« Pour nos cinq jeunes équipiers (1 fille et 4 garçons) âgés de 14 à 16 ans, la dynamique est assez bonne mais dès le départ de Cairns fin juin 2017, on peut déjà identifier quelques points de frictions sous-jacents. Autant pour eux que pour certains adultes, l’amarinage a été difficile et le mal de mer tenace. Mais il faut reconnaître que la mise en oeuvre des routines à bord du Fleur prend toujours du temps.

Quatre jours à Cairns ont été consacrés à finir l’avitaillement, puis nous avons largué les amarres pour passer nos deux première nuits en mer à l’ancre sur la Grande Barrière de corail. De là, nous sommes partis pour une première grande traversée au près, une allure peu idéale pour le Fleur, tirés par des vents réguliers de S-SE. Au bout de six-sept jours de haute mer, nous sommes arrivés sur île de Samarai dans le Sud de la Papouasie-Nouvelle Guinée.

Des habitants de l’île, des Papous, sont venus à la rencontre du bateau pour troquer leurs fruits et légumes inconnus de nous contre du riz ou du sucre. Les Papous sont curieux. Ils approchent le Fleur sur leurs frêles et ancestrales pirogues à balancier. Ici, la nature est exubérante, elle est autant sauvage que paisible et elle a toujours le dessus. Depuis le bateau ancré dans une immense baie, ce que l’on voit de l’île est très vert ou même noir sous une couverture nuageuse changeante et grise. Bien que ça ne soit pas la pire des saisons, il fait chaud et moite et l’on se méfie des quelques moustiques qui rôdent à cause du risque de malaria.

Les Papous sont accueillants, calmes et patients. Tous les jeunes du bord ont été stupéfaits par cette rencontre avec un autre monde où la vie semble simple et sereine. Ici à bord du Fleur, chacun a vécu une émotion. Les jeunes équipiers semblent apprécier ce qui leur apparaît comme un retour aux sources entrecoupés de baignades, de sauts depuis les haubans ou d’une initiation à la plongée sous la direction de Jérôme, l’instructeur navigant du bord.

Depuis la Papouasie-Nouvelle Guinée, nous avons ensuite mis le cap sur Gizo, dans les Îles Salomon. Passés les ajustements du début, le groupe est à un bon niveau et chacun des jeunes assure sa présence aux quarts. Reste que, pour chaque équipier avec ses habitudes citadines et son caractère propre, l’investissement personnel est quand même différent. Plus d’un mois de vie commune à se supporter 24h/24h met en évidence autant les qualités que les fragilités ou les travers de chacun. Evidement, des tensions émergent régulièrement, qu’il faut gérer. Mais rien de grave. Tout comme le Fleur qui avance selon les vents, chaque jeune progresse à une allure qui lui est propre.

A présent, en ce début août 2017, tous les équipiers ont intégré les règles, le rythme et les rituels du bord. Lorsque le bateau est à l’ancre, une routine a été instaurée: le matin, deux heures et demi sont consacrées à du travail à bord pour l’entretien courant du bateau; l’après-midi, place aux missions de l’expédition, comme par exemple des sessions d’observation de l’état de santé du corail dans le cadre du programme CoralWatch, mais place aussi aux activités ludiques comme des baignades en palmes-masque-tuba ou même des initiations à la plongée. D’autres activités encore sont organisées à la demande, comme du matelotage, une visite à terre ou la confection de pain et de gâteaux. Et si besoin, du repos fait parfois beaucoup de bien à tout le monde.

A bord comme à terre, certains moments se veulent délibérément festifs. Ainsi à Gizo, l’équipage a marqué symboliquement la moitié de l’expédition par un repas pris en commun à terre dans un restaurant animé par un groupe de dance indigène. Au final de cette mémorable et belle soirée, tous les jeunes et les adultes ont pu danser ensemble.