Livre de bord

Entre fin octobre et début novembre 2016, l’expédition a encore eu l’occasion de changer de pavillon de courtoisie, selon l’usage, au gré de son périple de Suva, la capital des Fidji, jusqu’à Nouméa, en Nouvelle Calédonie. D’où Fleur de Passion est reparti début novembre pour la dernière étape de sa traversée du Pacifique vers Brisbane. Ultime pavillon de courtoisie à prévoir d’ici peu pour cette année 2016 qui en aura compté… un certain nombre.

Vendredi 21 octobre 2016

Latitude 17°58,2'S / Longitude 177°04'E

En ce 21 octobre 2016, nous quittons Viti Levu, aux Fidji, l’une des principales îles dont la capitale Suva trône au milieu d'un archipel de plus de 300 îles et îlots dispersés sur plus de 500km2! Pour cette semaine de navigation en direction de la Nouvelle Calédonie, nous avons changé le rythme des quarts, ce qui coupe un peu la routine établie jusque-là. Fabien, Ali, Thomas, avec l'aide de Marc-André hors quart, s'occupent des manoeuvres de voile dans la journée et d'un repas par jour.

Lundi 24 octobre 2016, 17h00

Mouillage port de Goro. Latitude 22°18,7'S / Longitude 167°00,8'E

Après avoir changé quatre fois de pavillons de courtoisie depuis de départ de Tahiti début septembre, nous touchons les îles Loyauté (South Hebrides Trench), archipel attenant à la Nouvelle Calédonie, après 6 jours de mer et de voile pure. Fleur de Passion glisse à 6-7 noeuds (11-13 km/h) sur un Pacifique bien calme, vent de travers, toute voile dehors. Le quart d'Amélie nous nargue avec une pointe à 9,6 noeuds (presque 18 km/h). Du bonheur intégral. Les dernières 24h se feront en revanche au moteur. Le vent nous faisant subitement défaut, Fleur se retrouve à sec de toile…

L'atterrissage sur le reef est toujours impressionnant car une barre d'écume blanche déferle le long de la côte. Il nous faudra trouver la passe du Canal Havannah, pas toujours bien balisé, pour trouver un mouillage paisible sur des fonds qui remontent de 200 à 15m très rapidement. L'ancre est mouillée dans la baie de Goro à l'extrême pointe sud de la Nouvelle Calédonie.

Le lendemain à l’aube, départ feutré pour rejoindre Nouméa, à 70 miles nautiques, que l'on atteindra en début d'après-midi en suivant une route sinueuse entre îlots et reefs submergés.

Cette dernière escale à Nouméa est chargée d'émotion. Un nouvel équipage est attendu avec l'arrivée de Seb et Camille et le départ d'une grande partie de l'équipe avec qui nous avons partagé notre quotidien pendant plusieurs semaines : Pietro, Candy, Amélie, « Pioup », Carlos et Thérèse. C'est donc à 7 que nous allons effectuer cette dernière nav entre Nouméa et Brisbane, longue de 780 miles (2’200 km).
Mercredi 2 novembre 2016

Baie de Kuto, île des Pins. Latitude 22°39,5'S / Longitude 167°26,7'E

Ce lundi 31 octobre 2016, les préparatifs de départ s’accélèrent pour ce dernier saut dans le Pacifique . Aux incontournables approvisionnements au marché local se succèdent les formalités administratives d’usage.

Avant le vrai départ, nous décidons de passer par l'île des Pins, joyau incontesté de l'archipel Calédonien. Eau turquoise et limpide couronnée par les silhouettes typiques des grands araucarias, les fameux pins calédoniens dont on utilise la partie basse des troncs pour creuser les pirogues monoxyles (taillées et creusées dans un seul tronc). L'île abrite aussi  les vestiges du bagne où se sont succédés plus de 3000 communards de Paris en 1870, puis des prisonniers français exilés jusqu'en 1912.

Mardi 1er novembre, le nouveau skipper Seb et Marc-André accompagnent nos trois jeunes pour une longue virée à vélo à travers l’île: 50km dans les jambes à la fin de la journée, de quoi fatiguer nos marins chevronnés mais pas les plus jeunes, qui s'octroient une soirée et une nuit de liberté
à terre. Nous les retrouverons sur le ponton le lendemain matin, après une nuit plutôt fraîche.

Une rapide visite dans la baie de St Joseph nous fera découvrir ces fameuses pirogues à balancier dont la coque est creusée à l'herminette elle aussi dans les troncs d'araucarias. Discussion s'engage avec les locaux (qu'on appelle les Kunié) sur la méthode de construction et les bois utilisés pour les balanciers, mature et bras de liaison ligaturés et chevillés avec le Gaïac (bois imputrescible). Nous n'aurons hélas pas le temps de tirer quelques bords dans la baie de St Joseph en compagnie de nos nouveaux amis: allez matelots! Souquons sur le bois mort, le vent ne se fait pas attendre!

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