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Le programme Micromégas sur la pollution méso et micro-plastique, mené dans le cadre de The Ocean Mapping Expedition en partenariat avec l’association Oceaneye, révèle que plus de 90% des échantillons d’eau de surface analysés à ce jour contiennent des particules plastiques dans les dimensions mesurées, avec une pollution moyenne record de 551 g/km2 en Asie du Sud-Est.

De Séville à Dakar, 194 échantillons d’eau de surface ont été prélevés par l’équipage. Et sur les 187 échantillons analysés par les biologistes de l’ONG genevoise, il s’avère que 91% contiennent des polymères plastiques dans les dimensions analysées, soit de 1.0 à 5.0 mm pour les micro-plastiques et supérieures à 5.0 mm pour les méso-plastiques. Tels sont les chiffres qui ont été ptésentés aux média lors de la conférence de presse organisée par la Fondation Pacifique le 2 avril 2019 dans la capitale sénégalaise, où l'expédition a fait escale du 28 mars au 8 avril.

« Toutes les régions traversées par The Ocean Mapping Expédition sont affectées par la pollution plastique », déplore Pascal Hagmann, directeur exécutif d’Oceaneye et responsable du programme Micromégas.

« La pollution moyenne de l’ensemble des échantillons collectés par Fleur de Passion est de 26 g/km2 en micro-plastiques et de 195 g/km2 en méso-plastiques, soit une concentration moyenne totale de 221 g/km2 », détaille-t-il.

L’Asie du Sud-Est bat des records de pollution plastique

« L’Asie du Sud-Est bat tous les records avec une pollution moyenne de 551 g/km2 », poursuit  Pascal Hagmann, qui note toutefois que la très forte concentration de particules plastiques observée dans cette région du monde est liée à quelques échantillons particulièrement pollués.

« L’échantillon le plus pollué a été collecté au large de l’archipel de Palau (Micronésie) avec une pollution de 50’546 g/km2, détaille-t-il, même s’il faut néanmoins préciser que ce dernier chiffre, bien qu’impressionnant, n’est aucunement significatif d’une pollution moyenne dans cette région », traversée par l’expédition fin 2017-début 2018.

« La Grande Barrière de corail s’avère elle aussi fortement polluée avec une concentration moyenne mesurée à 855 g/km2. Ce chiffre est néanmoins à prendre avec précaution car le nombre d’échantillons collecté par l’expédition dans cette région d’avril à juin 2017 est limité et l’un d’entre eux s’est avéré particulièrement pollué », tempère Pascal Hagmann.

« Le gyre du Pacifique Sud, bien qu’à des milliers de kilomètres de toute activité humaine, s’avère lui aussi particulièrement pollué avec une concentration moyenne de plastique mesurée à 185 g/km2 », poursuit-il.

Une omniprésence due à plusieurs facteurs

Et d’expliquer: « Cette omniprésence de polluants plastiques s’explique par le transport et la dispersion des déchets flottants du fait des mouvements des eaux de surface. Il est maintenant démontré que 3 mécanismes participent à ce transport : 1) les courants marins (courants continus et réguliers); 2) le transport d’Ekman (courants dûs au cisaillement de la surface d’eau par le vent); 3) la dérive de Stokes (déplacement dû aux vagues). »

La Patagonie chilienne et la Polynésie sont en revanche des régions très faiblement touchées. En effet, ces régions sont éloignées des sources de pollution (régions à forte densité de population) et ne sont pas sous l’influence des zones d’accumulation de déchets.

« A titre comparatif, la concentration dans le gyre du Pacifique Sud ou la Grande Barrière de corail est proche du niveau de pollution observé en mer Méditerranée occidentale, région considérée par la communauté scientifique comme fortement polluée avec une moyenne de 187 g/km2 de méso et microplastique », conclut Hagmann.

La cartographie des échantillons analysés peut être consultée sur www.oceaneye.ch/cartographie/