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Entre Vigo et Lisbonne, fin juillet 2019, les membres d’équipage et passagers de cette courte traversée le long des côtes de Galice puis du Portugal ont eu le plaisir de regarder par-dessus l’épaule de Renata Martino et d’observer la dessinatrice à l’oeuvre, assise sur la lisse, sur le pont arrière, à la table du carré ou curieusement installée à l’entrée de la table à cartes. Scènes du bord, choses vues et entendues, rien n’a échappé au sens de l’observation - et de l’humour - de cette passagère qui s’est aussi acquitté de ses quarts, de jour comme de nuit.

A la table du carré avant le départ de Baiona, par exemple, on la voit esquissant une "nature morte" rassemblant un assortiment de produits alimentaires trouvés à bord et provenant d'autant d'escales sur la route de Fleur de Passion, depuis son départ de Séville il y a plus de quatre ans...

La dessinatrice genevoise est la vingtième et dernière artiste « en résidence » à avoir ainsi embarqué dans le cadre du programme culturel Dans le miroir de Magellan, après la bâloise Kati Rickenbach courant juin. Une sélection de son travail sera bientôt mis en ligne sur le site de l’expédition et sera par ailleurs mis en scène à Séville dans le cadre de l’exposition Nuestra Isla de las especias, qui s’ouvrir le 6 septembre prochain aux Archives Générales des Indes, plus d’informations à suivre.

L’escale à Bainoa au sud de Vigo, courant juillet, a été l’occasion de donner corps à la philosophie de l’expédition, faite de partage d’expérience et de rencontre avec les acteurs locaux de terrain. Dans cet esprit, vendredi 19 juillet 2019, nous avons effectué une sortie en mer avec deux organisations galiciennes impliquées dans des problématiques ou des démarches similaires à la notre: la Coordination pour l’étude des mammifères marins (CEMMA) et Oceanic Sound Art (OSA). 

A l’invitation de la première, des personnes intéressées par les questions océanographiques et environnementales se sont jointes à la sortie et ont ainsi appris à effectuer des observations et des comptages de cétacés, à procéder à des échantillonnages d’eau de surface dans le cadre du programme de l’expédition sur la pollution microplastique, et à utiliser l’hydrophone pour des enregistrements sous-marins.

Côté théorie, les échanges ont également été fournis. Uxía Vazquez du CEMMA a expliqué aux participants la manière dont les cétacés communiquent entre eux. Yaiza Santana, la coordinatrice scientifique de l’expédition, a raconté comment la pollution sonore interfère et perturbe la communication des cétacés et d'autres organismes marins. Enfin Alonso Vazquez, Xesús Morales et Tamara Montenegro, de l'OSA,  ont évoqué leur travail sur ce que l’on appelle les « paysages sonores » et leur approche consistant à mélanger art et science en utilisant l'acoustique.

Cette journée en mer à bord de Fleur de Passion a été un grand succès, tant les cétacés étaient au rendez-vous. Nous avons ainsi pu observer plusieurs groupes de dauphins communs, (Delphinus delphis). Dans un registre nettement moins enthousiasmant, nous avons pu constater une fois encore la présence de particules microplastiques dans les prélèvements que nous avons échantillonnés.

Merci à CEMMA et à OSA pour leur implication dans l’organisation de la journée et à toutes les personnes qui ont pris part à cette journée de rencontre, de partage et d’échange, immortalisée par la vingtième et ultime dessinatrice du programme culturel de l’expédition, la genevoise Renata Martino.

La dessinatrice vaudoise, 18e artiste « en résidence » du programme culturel Dans le miroir de Magellan, livre les premières illustrations de son séjour à bord entre le Cap-Vert et les Açores, en mai 2019. On y retrouve son goût pour le noir et blanc et un trait épuré qui n’en fait que plus spontanément et magistralement jaillir l’émotion des choses vues: paysages, personnages, objets du bord ou même ces poissons que l'on sent presqu'encore frétillant sous nos yeux. Sublime!
Tandis qu’Anne Bory reprend contact avec la terre ferme, une 19e artiste lui a succédé à bord de Fleur de Passion pour la traversée des Açores à Vigo, en Espagne: Kati Rickenbach, établie à Zurich.

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L’expédition a reçu début juin 2019 l’agrément officiel de la Commission du gouvernement espagnol en charge des célébrations du premier tour du monde. Elle fait désormais partie du programme des festivités organisées non seulement à Séville mais à l’échelle nationale et même internationale par l’Espagne depuis cette année et jusqu’en 2022, qui marquera le 500e anniversaire du retour à Séville des survivants de l’expédition de Magellan. Beau signe de reconnaissance pour The Ocean Mapping Expedition, qui peut désormais s’enorgueillir d’arborer le logo officiel des célébrations sur ses outils de communication.

Pour en savoir plus sur les célébrations organisées sous l’égide de la Commission: www.vcentenario.es

En ce début mai 2019, nous nous trouvons au milieu de l’océan Atlantique sur la route qui monte en ligne droite du Cap Vert en direction des Açores. Depuis déjà une semaine et notre départ de Mindelo, nous ne sommes plus entourés que par du bleu. En date du 6 mai, nous nous trouvons à la position 29º21.40’N – 31º47.57’W. Après plusieurs jours accompagnés de vent et de vagues, il n’y a plus ce jour ni vent ni même courant. L’océan ressemble presque à un lac. Des conditions parfaites pour un échantillonnage dans le cadre du programme Micromégas en partenariat avec l’association Oceaneye à Genève. D’autant qu’à la surface, si l’on peut observer des accumulations d’algues de type Sargassum, nous pouvons constater aussi des plastiques qui flottent partout. Il semble que cette zone présente une accumulation particulièrement élevée de débris. Pour confirmer cela, il faudra toutefois attendre les résultats des analyses.

L’équipage se prépare donc à la séquence de prélèvement : Fleur de Passion ralentit sa vitesse à moins de 5 nœuds; le « mandat trawl" est préparé, son lock mis en place pour calculer la distance parcourue; la « chaussette » est fixée à l’extrémité du filet pour collecter les micro-plastiques; puis le manta est jeté à l’eau et traîné une demi-heure durant. Il ne s’agit pas d’un échantillon quelconque, mais bien du 200ème depuis que l’expédition a commencé. Tout un symbole! Nous remontons le filet et pouvons déjà y observer des plastiques de couleur qui n’ont hélas rien à voir avec de quelconques éléments organiques.

Nous procédons à un second échantillonnage - de 10 minutes cette fois - qui ne servira pas à l’analyse mais nous permet d’observer son contenu au moyen de la loupe binoculaire du bord: microplastiques et organismes planctoniques que l’on peut trouver dans cette zone. Anne Bory, la dessinatrice à bord, en profite pour dessiner les créatures planctoniques : des larves de poissons, des escargots violets, des crevettes bizarres et, aussi, les fameux micro-plastiques. 

La zone que nous traversons est identifiée comme une zone d’accumulation de débris, une des îles de plastiques qui existent dans l’Atlantique. Pendant la durée de la navigation dans cette aire, nous faisons plusieurs autres échantillonnages pour les regarder à la loupe. Ces observations (voir les photos) indiquent que la concentration de plastiques d’une taille entre 1mm et 5mm est très élevée. Ceux-ci se présentent avant tout sous forme de fibres de plastiques et de petits morceaux durs. Au final, l’ensemble des cinq échantillons réalisés au cours de cette traversée contiennent des micro-plastiques.

Depuis le début de l’expédition en avril 2015, plus de 90% des prélèvements effectués dans le cadre du programme Micromégas contenaient des particules micro ou méso-plastique « dans les dimensions analysées », comme le soulignent les biologistes d’Oceaneye. Pas étonnant en conséquence de continuer à trouver autant de débris au milieu de l’océan Atlantique à l’heure de la remontée vers les Açores puis Séville. Car les flux de production de plastique et donc de pollution, eux, n’ont pas franchement baissé depuis quatre ans et suivent au contraire des courbes ascendantes qui ont de quoi nous inquiéter.

La problématique de la pollution micro-plastiques en mer est connue et tend à être de plus en plus médiatisée. Malgré cela, sans de profonds changements dans nos habitudes, cette pollution va se poursuivre et empirer. Car chaque déchet de plastique qui finit dans les eaux aujourd’hui est voué à se fragmenter en micro particules puis en nano-particules qui jamais ne se dissolvent. Faisant peser un risque toujours plus grand pour la santé des océans. Et de la nôtre au final.