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Les visites publiques à bord de Fleur de Passion et l’exposition Our Spice Islands ont suscité beaucoup d’intérêt et drainé de nombreux visiteurs, depuis qu’elles ont commencé le 3 janvier 2019. Profitant de la présence au Cap de Pascal Hagmann, directeur d’Oceaneye et partenaire de l’expédition dans le cadre du programme Micromégas sur la pollution micro-plastique, l’équipe du bord a organisé à l’attention spécifique d’un groupe de jeunes passionnées des questions marines et environnementales un atelier d’initiation à la thématique, mené par Yaiza Santana, la coordinatrice scientifique de l’expédition.

Oceano Reddentes est une organisation créée par des groupes de filles de 12 à 14 ans originaires d'Afrique du Sud qui luttent pour la protection des océans et plus particulièrement pour la sensibilisation au problème de la pollution de plastiques aux océans. Cette jeune ONG se consacre à l’organisation de nettoyages de plages, et avec les plastiques collectés, elles ambitionnent de  fabriquer des "écobriques" avec lesquels elles entendent construire une maison avec bioconstruction. Elles se consacrent également à l’éducation environnementale dans les écoles sur le thème des plastiques dans les océans.

Profitant de leur motivation et de leur désir d'apprendre, la Fondation Pacifique a organisé un atelier sur la problématique de la pollution micro-plastique dans les océans avec le concours de Pascal Hagmann, directeur de l'association Oceaneye. Sous la conduite de Yaiza Santana, coordinatrice scientifique de l’expédition, l'atelier a consisté en une première introduction à la thématique, puis en un atelier pratique destiné à apprendre l’entier du processus d’échantillonnage, depuis le rinçage de l’échantillon, prélevé le matin même dans le port, jusqu’à la mesure de la concentration en micro-plastiques. 

En deux groupes autour de la table du carré et devant l’évier de la cuisine, les jeunes participants ont appris comment on procède à un échantillonnage en navigation au moyen du « manta trawl », pour cela les images de la série documentaire sur l’expédition ont été plus efficaces que de longs discours; comment on vide l’échantillon puis on observe son contenu au microscope; comment on identifie et compte la quantité de particules micro-plastiques; et finalement comment on en calcule la concentration en tenant compte de différents paramètres de l’échantillonnage: distance parcourue par le bateau pendant les 30 minutes qu’il aura duré, et quantité d’eau filtrée, entre autres.

Avec cet atelier, The Ocean Mapping Expedition espère apporter son grain de sable afin que de belles et stimulantes initiatives comme celle de ces jeunes chercheuses en herbe d’Oceano Reddentes prospèrent, essaiment et s’impliquent chacune à leur manière dans la lutte pour la protection des océans et la sensibilisation de la population au problème de la contamination par les plastiques.

L’intérêt que représente Fleur de Passion et l’expédition d’un point de vue scientifique et environnemental ne se dément pas. Ainsi le Dr David Glassom de l’Université ZwaZulu-Natal à Durban a-t-il embarqué depuis mercredi 14 novembre dans le cadre d’un nouveau programme portant sur l’analyse des débris plastiques comme vecteurs de migration pour les alvins à l’heure de la globalisation.

En résumé, explique le chercheur, « le fait que les débris de toutes sortes flottant à la surface des océans soient des vecteurs de migration sur de longues distances pour toute une palette d’organismes vivants s’y fixent est bien établi. Le phénomène est en revanche bien moins connu en ce qui concerne les poissons du fait du peu d’informations à ce sujet. Les jeunes poissons (alvins) sont connus pour trouver refuge sous des débris plastiques et de nombreuses espèces ont ainsi été recensées au large de Durban simplement en utilisant une épuisette. »

« Le périmètre d’expansion de ces espèces est déjà évident du fait de la hausse de la température des eaux de surface causée par le réchauffement climatique, poursuit le Dr Glassom. Et les migrations pourraient être facilitées par le la disponibilité de ces débris à la fois en tant qu’abris mais aussi comme source pour se nourrir grâce au biofilm (micro-organismes de type bactéries, champions, algues ou protozoaires) se formant sur ces plastiques. »

Le projet du chercheur à bord de Fleur de Passion consiste ainsi à essayer de collecter des débris plastiques flottant à la surface et que le voilier croiserait sur sa route vers le sud le long de la côte sud-africaine. Les petits poissons qui seraient trouvés seraient mesurés, pesés et disséqués pour y examiner la présence éventuelle de particules plastiques.

Tout a commencé par une rencontre à bord en octobre, peu après l’arrivé du voilier à Durban et un séminaire sur la santé environnementale auquel l’expédition a participé. Autour de la table du carré par un samedi pluvieux, froid et qui breton, l’échange en compagnie de Yaiza, la coordinatrice scientifique du bord, a très vite convaincu David d’embarquer pour mener jusqu’à Knysna une campagne d’échantillonnage dans le cadre de ses recherches. Rendez-vous a été pris pour le 12 novembre, au terme des quatre semaines de chantier de maintenance qui viennent de s’achever.

A bord, le scientifique va non seulement procéder à ses échantillonnages, il va aussi briefer l’équipage sur le protocole de prélèvement et d’analyse, de sorte que ceux-si se poursuivent jusqu’au Cap en décembre. Voire au-delà en 2019 lors de la remontée de l’Atlantique selon l’intérêt que cela représente.

Pour en lire plus en anglais et en zulu: http://ndabaonline.ukzn.ac.za/UkzndabaStory/isizulu/UKZN%20Marine%20Biologist%20Joins%20Swiss%20Ocean%20Mapping%20Expedition%20to%20Assess%20State%20of%20World’s%20Oceans.../

A priori, aucun rapport entre les trois mais attendez un peu… Car comme The Ocean Mapping Expedition vient d’arriver en Afrique du sud, forcément que tout ramène tôt ou tard à une histoire de requin. En escale à Durban depuis peu, l’expédition a été invitée à présenter les programmes scientifiques du bord dans le cadre d’un workshop de deux jours organisé par l’Institut sud-africain pour la santé environnementale (SAIEH) et son dynamique président le Dr Selva Mudaly, les 11 et 12 octobre 2018 avec le soutien de l’ambassade de Suisse. C’est Yaiza Santana, la coordinatrice scientifique du bord, qui a officié devant quelque 120 acteurs locaux de cette vaste thématique portant tout autant sur la question de la pollution de l’air que sur la pollution sonore.

Lorsqu’est venu le temps des - nombreuses - questions, le programme 20’000 sons sous les mers en particulier a fait réagir une participante qui a cité une étude récente selon laquelle les attaques de requins le long des côtes pourraient être corrélées au niveau sonore de certaines plages, et plus précisément encore à la musique tendance « boum-boum » qui y sévit. Pour les cinéphiles avertis, cela rappellera la scène finale d’un des opus des « Dents de la mer », quand le héros attire le grand méchant requin du film jusqu’à le faire mordre, et donc s’électrocuter, un câble électrique à haute tension sous-marin à force de taper dessus. Visionnaire, le film, en cela que les requins seraient sensibles à certaines mythiques?

Toujours est-il que cette remarque « musicale » de cette participante a bien fait rire Renuka Lutchminarayan, qui présentait l’après-midi un exposé sur « Noise monitoring and control ». Et d’expliquer en effet que parmi les recommandations prodiguées aux acteurs municipalités côtières pour atténuer les nuisances sonores, il en est une qui consiste à… orienter vers le large les sources de bruit, et notamment musicales!

Moralité et en vertu du principe de précaution, il va peut-être falloir choisir entre faire la bombe sur la plage et baignade au son des basses…