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L’équipage qui a pris le relai début septembre à Rio de Janeiro à bord de Fleur de Passion a procédé à de nouveaux prélèvements d’eau de mer le long de la côte brésilienne dans le cadre de Micromégas.

Ce programme mené en partenariat avec l’association Oceaneye à Genève vise à cartographier les polluants plastiques tout au long du parcours du bateau dans le sillage de Magellan. Les prélèvements peuvent être menés quand l’état de la mer, la vitesse du bateau et la force du vent le permettaient, condition sine qua non au respect du protocole élaboré par l’association; c’était le cas entre Paraty et Porto Bello, notamment. Et pour l’occasion, ils ont bénéficié d’une amélioration consistant en l’installation, à l’arrière, d’un tangon qui facilite le maintien du « mantra trawl» - sorte de filet précisément calibré pour capter un certain volume d’eau en un temps donné - dans le sillage du bateau. Ces nouveaux échantillons seront stockés à bord avant d’être acheminés en Suisse pour y être analysés selon une nouvelle procédure.

Les quinze premiers échantillons « microplastiques » collectés jusque-là dans le cadre de The Ocean Mapping expédition entre Séville en Espagne et Salvador de Bahia au Brésil, et transmis durant l’été, ont en effet servi à des travaux préliminaires qui ont pour objectif d’améliorer et d’accélérer les procédures d’analyses utilisées par Oceaneye. Explications de son directeur Pascal Hagmann :

« Depuis 2015, notre association équipe des voiliers partenaires pour établir un réseau de collecteurs d’échantillons. Fleur de Passion est d’ailleurs notre bateau ambassadeur. Nous allons donc recevoir des échantillons en plus grande quantité et il faudra être capable de les analyser rapidement. C’est, aujourd’hui, un de nos talons d’Achille, puisqu’il faut compter 1 à 2 jours pour l’analyse d’un échantillon selon nos méthodes actuelles.

Afin d’améliorer ce processus, nous cherchons à détruire totalement tout ce qui n’est pas plastique dans un échantillon ; ceci nous évitera l’étape du tri qui est consommatrice de temps. Nous allons ainsi utiliser les premiers échantillons collectés sur le Fleur de Passion pour tester une nouvelle approche de destruction de la matière organique.

Le vivant n’est que partiellement détruit par un solvant et les différents composants sont triés à la main. Une alternative à cette procédure fastidieuse serait d’utiliser des enzymes (protéines accélérant le processus de digestion de matière) capables de détruire la chitine (matière organique la plus dure à détruire). Si une telle méthode s’avérait être concluante, elle nous permettrait de traiter un plus grand nombre d’échantillons en moins de temps et donc d’équiper plus de bateau pour disposer de plus de données.

Affaire à suivre… »

Les premiers sons collectés par Fleur de Passion dans le cadre du programme 20’000 sons sous les mers ont été transmis par le Laboratoire d’Applications bioacoustiques (LAB) de l’Université Polytechnique de Catalogne à Barcelone, partenaire de la Fondation Pacifique. Ils se sont fait attendre, mais la raison mérite qu’on s’y arrête: véritable première mondiale, ce programme de cartographie des sons, et donc de la pollution sonore des océans, n’en est pas moins expérimental. Et les équipements de très haute technologie fabriqués sur mesure pour l’occasion - le capteur acoustique tracté à l’arrière du bateau et le matériel de transmission via satellite - se sont révélés plus délicats que prévu à mettre en oeuvre.

A cause d’un bruit parasite lors de leur transmission en continu, qui les rendait inexploitables, les données malgré tout collectées ont été stockées à bord, puis mises à disposition des équipes du LAB sous forme de disque dur acheminé depuis l’escale au Brésil pour qu’en soient extraites celles jugées intéressantes du point de vue scientifique.

Ce sont quelques-unes de ces séquences acoustiques brut de commentaire qui sont ainsi mises en ligne, avant que ne suivent prochainement les informations nécessaires à leur compréhension. Elles n’en restent pas moins bluffantes par ce qu’elles révèlent d’un univers sous-marin qui n’a strictement rien du Monde du silence décrit dans les années 1960, quand les hommes n’en étaient qu’aux premières heures de leur exploration sous la surface des océans.

Son 1, Son 2, Son 3.

Ces données viennent enrichir la banque de données alimentée par des capteurs fixes, répartis de par le monde et mis en réseau par la communauté scientifique.

Michel André, directeur du LAB, s’est rendu sur le bateau début septembre lors de l’escale à Rio pour diagnostiquer la source de ce bruit parasite lors des transmissions. Il en est reparti avec une partie des équipements pour procéder dans ses laboratoires de Barcelone à une analyse plus approfondie du problème. Si tout se passe bien et si les nouveaux tests s’avèrent concluants, les capteurs seront remis en place lors de l’escale de Fleur de Passion à Buenos Aires, aux alentours du 16 octobre.

Malgré ces péripéties, le programme 20’000 sons sous les mers suit son cours. A défaut de tracter un capteur et de transmettre automatiquement les données collectées à Barcelone, l’équipage a recours à un capteur manuel dont les données, elles, sont stockées à bord. Elles seront acheminées sous forme de disque dur depuis l’Argentine.

Les échantillons collectés par l’équipage du voilier le Fleur de Passion de l’Ocean Mapping Expedition sont arrivés à Genève.