En ce début avril 2017, le cyclone Debbie qui a dévasté la côte du Queensland empêche notre progression vers le nord. Nous sommes obligés d'attendre des conditions favorables pour naviguer.
Nous larguons finalement les amarres de nuit et abordons bientôt Swain reef dans la matinée du 9 avril. Pas d'îles, de plages ou d'arbres comme je me l'étais imaginé. Le massif de corail se révèle par la couleur turquoise de l'eau. Tout est immergé. Une approche avec le zodiac, le temps de s'équiper et nous basculons enfin dans l'eau.
Nous découvrons émerveillés un jardin d'Eden! Des coraux de toutes les couleurs et de toutes les formes entre lesquels se déplacent des poissons tout aussi incroyables. Un requin passe sous mes palmes. Devant moi, un long serpent de mer gris rentre dans une cavité et en ressort aussitôt pour passer tout près de moi. Et voilà Nemo dans son anémone!
Je dois lutter contre un petit sentiment de désespoir qui me prend soudain. Que puis-je saisir d'une telle beauté, d'une telle complexité, muni de mon simple crayon et de ma petite plaque de PVC sur laquelle je trace mes premières esquisses sous m’eau. Je me concentre, j'accepte mes limites et je me mets au travail. De retour sur le bateau, je suis très fier d'avoir pu saisir quelques images sous-marines, qui prendront vie et couleur par la suite…
Retrouvez l'expédition lors de son passage en direct dans l'émission scientifique CQFD de la RTS la 1ère, jeudi 6 avril 2017, et découvrez plus en détails les enjeux de la Grande Barrière de corail et en quoi consistera plus particulièrement la mission de Fleur de Passion sur cet environnement en péril. Cliquez ici pour écouter l'émission
Merci à toute l'équipe de CQFD, qui suit The Ocean Mapping Expedition depuis son départ de Séville il y a bientôt 2 ans.
Départ sans précipitation de Brisbane pour The Ocean Mapping Expedition, dans la nuit du 27 au 28 mars 2017. Un violent cyclone était sur le point de toucher les côtes du Queensland, plus au nord, obligeant l’équipage à temporiser quelques jours avant d’entamer sa remontée vers la Grande Barrière de corail. De toute façon, rendez-vous était pris à Stradbroke Island, dans la Baie de Moreton, pour un briefing avec les membres de CoralWatch et permettre ainsi à l’équipage de Fleur de Passion de maîtriser le protocole d’observation de la santé des coraux développé par ce projet de science citoyenne basé à l’Université du Queensland.
Plus qu’un briefing, ce véritable atelier théorique et pratique s’est déroulé en trois temps: dans les locaux de la Station de Recherche de Moreton Bay toute proche, Justin Marshall, le chef de ce projet basé à l’Université du Queensland, a tout d’abord fait une présentation générale de la problématique corallienne et du phénomène du blanchiment. Puis l’équipage ainsi qu’une dizaine de volontaires de CoralWatch se sont retrouvés à bord pour un briefing technique délivré par Diana Kleine, l’autre responsable du projet. Puis, par équipe de deux, tout ce petit monde s’est retrouvé dans l’eau munis du matériel d’observation ad hoc pour une mise en pratique « on site » sur un récif tout proche.
Verdict, pour les plus novices: apprendre à distinguer le corail d’autres organismes, végétaux ceux-là, qui y ressemblent mais n’en sont pas. Pour le reste, l’équipage est désormais fin prêt à apporter sa contribution à la vaste base de données alimentées par tous les volontaires qui souscrivent au projet CoralWatch, en Australie mais aussi dans plus de 70 pays à travers le monde.
Fleur de Passion a pris des allures assez « bestiales » depuis l’arrivée à bord de Pierre Baumgart. A peine ses quartiers pris en vue de sa navigation sur la grande barrière de corail les jours prochains, le dessinateur animalier genevois n’a plus eu d’yeux - et d’oreilles - que pour la foisonnante faune de Brisbane. Pendant les quelques jours qui ont précédé le départ de l’expédition, en pleine ville ou dans ses environs, le huitième dessinateur du programme « Dans le miroir de Magellan » a dessiné tant et tant au point de rassembler dans le grand carnet qui ne le quitte jamais de quoi transformer le voilier en véritable Arche de Noé, tendance australienne.
Déambuler aux côtés de Pierre Baumgart le long des rives de la Brisbane River, dans les rues adjacentes et jusque dans le centre de la ville, sans parler de ce qu’il observe depuis le pont du bateau, est une expérience en soi, une manière tout à fait inattendue de revisiter l’Australie: à travers le prisme animalier - visuel et sonore - d’un connaisseur et d’un amoureux de la nature qui n’a pas son pareil pour voir et entendre tout ce que le pays offre de follement exotique, tout cliché assumé, à commencer par ces ibis blancs et noirs au long bec recourbé qui peuplent la ville comme les pigeons nos métropoles. Il est d’ailleurs interdit de les nourrir eux aussi, avertissent des panneaux…
« Tu entends cet oiseau, le bel accent australien qu’il a? », interpelle-t-il avec malice. « Tu vois l’oeil de cet autre là perché dans l’arbre? » « Rendez-vous à 9h30 en face du bateau au jardin botanique sous l’arbre aux cacatoès », annonce-t-il. Et en effet on l’y retrouve, assis par terre en train de saisir sur le vif les volatiles en plein dépeçage de noix dont les reliquats dégringolent de l’arbre en question…